Par David Barbion
Des codes inconscients
Ne vous êtes-vous jamais senti(e) envahi(e) par quelqu’un qui vous parle de trop près? Avez-vous déjà ressenti une distance avec un ami, un collègue ou un client? Il existe une distance inconsciente – et pourtant hyper codée – entre les humains. Prendre conscience de ces codes permet d’améliorer la qualité de votre communication avec les autres.
A chacun sa bulle
En effet, chaque être humain possède de façon inconsciente une zone d’intimité qui lui est propre et qui se redéfinit à chaque interaction avec les autres. Cette zone s’appelle la bulle de proxémique.
Ce terme de bulle de proxémique est essentiellement utilisé en PNL* et en hypnose. Il qualifie une zone émotionnellement forte ou encore un périmètre de sécurité individuel, c’est-à-dire l’espace dont chaque individu a besoin pour se sentir à l’aise. On peut parler de notion de bonne distance.
Inconsciemment chaque individu défini cet espace spécifique et personnel dès qu’il est en rapport avec un interlocuteur et cela varie à chaque fois. Cette bulle, appelée aussi bulle de rapport ou de protection, doit être respectée pour ne pas rentrer en conflit inconscient avec l’autre. L’école de Palo Alto* fut une des premières à travailler sur ce concept, faisant partie des travaux sur la proxémique.
Se tenir à distance...
Grâce à de nombreuses observations, on a pu mettre en évidence quatre catégories principales de distances interindividuelles en fonction de la distance qui sépare les individus :
▪ La distance intime (entre 15 et 45 cm*) : zone qui s’accompagne d’une grande implication physique
et d’un échange sensoriel élevé.
▪ La distance personnelle (entre 45 et 135 cm) : est utilisée dans les conversations particulières.
▪ La distance sociale (entre 1,20 et 3,70 m) : est utilisée au cours de l’interaction avec des amis et
des collègues de travail.
▪ La distance publique (supérieure à 3,70 m) : est utilisée lorsqu’on parle à des groupes.
Le schéma indique clairement que la « bulle » est plus étroite sur les côtés ou derrière, il est donc plus simple de rentrer dans l’espace personnel de l’autre par un côté ou dans le dos que de face. Ceci explique peut-être pourquoi les psy se placent sur le côté de leurs patients ou carrément dans leur dos.
Malaise dans l’ascenseur...
Cette distance inconsciente explique pourquoi l’on se sent mal à l’aise avec plusieurs personnes dans un endroit exigu, comme un ascenseur par exemple. Des étrangers sont dans notre zone d’intimité (et réciproquement) et cela provoque un stress. Toutefois cette situation reste relativement admise de par le contexte propre à l’ascenseur, mais serait rapidement associée à une manœuvre d’agression si la même situation de proximité se déroulait dans un endroit où cela ne se justifierait pas.
La distance varie aussi en fonction du contexte
Selon le statut social
Ces distances d’interaction varient également selon les statuts des interlocuteurs. En effet, on se place plus loin d’un supérieur ou inférieur hiérarchique que d’un pair. Ainsi, il existe une relation entre la distance sociale et la distance spatiale.
En fonction de la culture
La dimension de cette bulle personnelle varie aussi selon les cultures. Elle est plus ample dans les pays occidentaux que dans les pays méditerranéens et pratiquement inexistante dans les pays arabes.
Mais aussi selon la tâche à accomplir
Dans une situation de coopération, les individus se placent généralement côte à côte pour partager le matériel et les idées.
Dans une situation de compétition, les individus préfèrent s’assoir l’un face à l’autre (le fait de se regarder facilitant la compétition).
Dans une situation de co-action (les personnes qui travaillent sur des tâches différentes), les individus préfèrent se tenir aux coins diagonalement opposés de façon à éviter de se voir.
Enfin, la bulle de proxémique est différente chez chaque personne, il faut donc tester en calibrant la distance idéale pour mettre à l’aise l’autre, tout en étant proche.
A tester...
N’hésitez pas à tester le ressenti inconscient de la bulle de proxémique avec un partenaire grâce à un exercice tout simple. Cet exercice se fait debout. L’un reste immobile en fermant les yeux et en se bouchant les oreilles (pour supprimer les autres informations sensorielles) tandis que l’autre s’approche à pas de loup. Il y a un moment où celui qui est approché “ressent” physiquement l’intrusion dans son espace intime.
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